Somediary

J'aime l'été, la chaleur. Mais porter des vêtements légers m'est devenu insupportable. Tous les ans, c'est la même histoire. Je redoute cette saison, car je sais qu'il va falloir que je porte des vêtements légers. Je ne supporte pas. Je ne supporte pas le regard de ces gros porcs dégueulasses. Ici, à Paris, c'est infect. Parfois, dans le métro, je vois des filles, plus ou moins jolies, en petites robes, la peau découverte. Je les vois et je vois aussi les réactions et les regards des autres. J'ai envie de crier et de leur dire, merde, va te rhabiller! Tu vois pas comment les mecs te matent??! Mais elles sont insousciantes de tout ça. Parfois même, j'ai l'impression que ça leur plait. Et je les envie. Parce que moi, quoi qu'il arrive, je me dévêtie le moins possible... ici... Ici, que je ne supporte plus.

Cet après-midi, j'ai pris sur moi et, motivée par l'extrême chaleur, j'ai décidé d'aller faire quelques soldes. J'étais même prête à m'acheter ces petites robes qui me font envie mais que je n'ose mettre à cause de... tout ça. Chez H&M, rien à ma taille. Dommage, il y avait une adorable petite robe que j'aurais pu porter à la plage. Finalement, j'achète un pantacourt blanc chez Esprit, il est pas trop transparent, il me va bien, me fait des chouettes fesses, c'est cool. Je me dis qu'après tout, il faut que j'arrête de paranoïer, je dois me faire plaisir, je ne vais tout de même pas passer tout l'été en jean... Je sors du magasin, je suis contente. Je suis vêtue d'une jupe noire qui me va en-dessous des genoux (celle de la jouebouffe, hihi!!) et d'un débardeur noir. Simple et sobre, ça me va. Dans la galerie marchande, je croise un espèce de type, un chinois avec une tête de fou (genre qui joue dans les films de mafieux asiatiques, avec la barbiche.) Il arrive en face de moi, mais je vois qu'il dévie sa trajectoire vers moi. Et juste au moment où il passe à côté de moi, en me frolant, il murmure quelques mots et me touche le bas du ventre. Je me suis arrêtée et putain, cette fois, j'étais bien décidée à ne pas fermer ma gueule. Comme une idiote, je l'ai regardé s'éloigner, il était toujours tourné vers moi, et j'ai bégayé n'importe quoi. Quelques personnes ont vu la scène, rien à battre. Comme par hasard, un mec me rentre dedans en me disant à moi de faire attention et en me prenant les épaules, alors que merde, j'étais à l'arrêt. Et je me suis retrouvée déconfite, comme une idiote à chialer dans cette énorme galerie marchande. J'avais l'impression d'avoir 5 ans, je me sentais bête, ridicule. Mais je ne supporte plus tout ça. Je ne veux pas qu'on se permette de me toucher comme ça, ou qu'on me regarde avec des yeux dégueulasses. C'est tous les jours pareil, des réflexions désobligantes: du "Waouh, quel trou!" au simple bonjour auquel je ne réponds plus. Je me sens touchée, humiliée, salie. Je sens la colère monter, parfois les larmes. Et puis des fois, je me dis que c'est moi qui l'ai cherché. Alors j'essaie de saisir le fonds des pensées des mecs, j'essaie de comprendre pourquoi ils sont si nombreux à réagir de la sorte. Comment osent-ils, comment peuvent-ils se comporter comme ça? Un jour, j'ai dit à l'un d'entre eux: "Tu verras un jour, si un type comme toi parle de la sorte à ta mère, comment tu réagiras." Parce qu'en plus, ils s'emportent quand on s'énerve. Ils croient peut-être que c'est nous flatter que de nous dire ce genre de trucs. Ils croient peut-être qu'on aime ça et qu'on mouille sous nos jupettes.

Alors voilà, je suis une fille jolie, d'une nature souriante, j'adore rencontrer des gens, échanger avec eux, mais ici, je me sens mal. Et je tire la tronche dans la rue. Car j'ai remarqué que c'est le moyen le plus efficace pour pas se faire emmerder. Dans 2 semaines, je serai à moitié à poils la plupart du temps, mais je me sentirai bien. Je ne serai pas gênée, embarassée de montrer ma peau. Je porterai le petit 2 pièces rouge à pois blancs que j'ai acheté avec mon amoureux sans aucun complexe. Et je ne me ferai pas emmerder, parce que là-bas, les hommes sont bien-élevés.